Pour une voie verte cours d’Herbouville
Le cours d’Herbouville est cet « autre » quai de Rhône, sinistre autoroute urbaine, méconnue de la plupart des Lyonnais alors qu’elle est située à seulement 700m de la place des terreaux.
Le cours d’Herbouville sera réaménagé très prochainement : 1 million d’euro sera utilisé pour augmenter la valeur de ce lieu à haut potentiel, embellir mais aussi faciliter les déplacements par l’ajout d’une voie bus et d’une voie verte permettant une meilleure circulation des vélos : rappelons qu’à Lyon 74% des déplacements sont effectués à pied, à vélo ou en bus.
Au terme de la concertation qui réunissait un large cercle de riverains et d’associations (dont La Ville à Vélo) La mairie du 4ème arrondissement et la métropole ont retenu un scénario ambitieux créant une voie verte entourée d’une forte présence végétale. Cette annonce a été fort appréciée par tous ceux qui souhaitent voir notre ville se tourner vers le 21ème siècle. Elle s’inscrit dans la lignée des plus belles réussites lyonnaises de ces dernières années, qui ont entre autre propulsé notre ville « meilleure destination d’Europe pour un weekend » après avoir été considérée comme une ville noire et froide pendant longtemps. Parmi les multiples exemples, celui des berges du Rhône est sans doute le plus éloquent. Le résultat positif se fait donc sentir sur notre cadre de vie mais aussi et surtout sur l’image, l’attractivité et in fine l’économie de la métropole.
Aujourd’hui, cette décision est contestée par un « collectif de défense des usagers du cours d’Herbouville », qui trouve excessif la surface de parking ainsi convertie en espace de vie. Ils préfèrent un cours finalement très semblable à l’actuel où les piétons et vélos marchent, non pas sur une voie verte, mais une sorte de « voie de parking » entourée de 2 files de véhicules en stationnement.
En bas : Situation actuelle, semblable à la variante « voie de parking » proposée par le « collectif de défense des usagers du cours d’Herbouville ».
En tant qu’association de promotion des déplacements actifs, nous estimons que la variante choisie par le maire est largement préférable : entre circuler entre deux files de portières qui peuvent à tout moment s’ouvrir en travers du chemin et circuler sur un large espace entouré de végétation, tout le monde préfère la deuxième option.
Rappelons également que les ouvertures de portières causent 20% des accidents chez les usagers du vélo et qu’une personne roulant à vélo à 15km/h suivi par une autre personne en voiture peut espérer au plus 10 secondes avant qu’un dépassement ne soit entrepris, même là où l’étroitesse de la voie ne permet pas le doublement dans le respect de sa sécurité. Pour ces deux raisons la variante « voie verte » permet des déplacements plus sûrs et plus sereins que la variante « parking » où piétons et usagers du vélo circulent entre les voitures à l’arrêt et les voitures en mouvement.
Nous comprenons les craintes de ce « collectif de défense des usagers du cours d’Herbouville » et nous connaissons les difficultés à stationner des propriétaires de voitures. Mais les études de trafic que nous avons tous vu lors de la concertation montrent bien que les habitants du cours ont besoin d’environ 150 places, que le projet conserve même en variante « voie verte ». Si le cours est actuellement saturé, c’est parce qu’il sert d’arrière cours aux habitants du 1er, de la presqu’ile, voir de Caluire, qui garent là à l’année des véhicules dont ils se servent peu ou pas. La saturation est aggravée par les visiteurs de Lyon qui se garent sur ces emplacements gratuits au lieu d’utiliser les parkings payants de l’Opéra et des Terreaux. Le passage en zone payante du cours d’Herbouville, prévu en même temps que le réaménagement, va décourager ces deux usages et libérer les places à l’unique profit des riverains du cours qui bénéficieront de l’abonnement résident et pourront se stationner plus facilement qu’actuellement car ce qui compte quand on veut se garer n’est pas le nombre de place totales, mais bien le nombre de places vides – et utilisables!
Et si l’on ajoute un point de vue de « long terme », avec 10 460 habitants au km², résoudre le problème du stationnement à Lyon ne passe pas par la transformation de tous les trottoirs en parkings. Au contraire, résoudre le problème du stationnement, c’est d’abord permettre à ceux qui le peuvent et qui le souhaitent de se déplacer sans voiture pour diminuer le besoin en véhicules. C’est pourquoi nous disons « oui » au stationnement mais pas au détriment de la qualité de vie et surtout pas au détriment du confort de circulation à pied et à vélo. Nous enjoignons le collectif « de défense des usagers du cours d’Herbouville » à l’optimisme : les belles avancées des 15 dernières années montrent clairement une baisse du besoin en stationnement et laissent présager une sortie « par le haut » de la crise du stationnement, à condition que les efforts d’amélioration des cheminements piétons, du réseau vélo et de l’offre en transports en commun se poursuivent.
Personne ne sera donc lésé par le réaménagement, au contraire, les riverains du cours d’Herbouville sont les premiers bénéficiaires de cette amélioration de notre ville et de leur quartier en particulier. Nous espérons donc que que riverains, associations et municipalité parviennent à une solution qui reçoive l’agrément de tous.
Pour cela nous soumettons à tout le monde cette question : Que serait-il advenu si, il y a 11 ans, la pétition « contre la suppression de 2000 places de stationnement sur les berges du Rhône » avait obtenu gain de cause?
Chers lecteurs, soutenez avec nous David Kimelfeld, maire du 4ème (en écrivant à contact@lavilleavelo.org). Nous espérons qu’il tranchera en regardant vers l’avenir plutôt que vers le passé, et en fonction de l’intérêt général plutôt que des inquiétudes paralysantes.