Remarques et propositions sur le Plan de Déplacement Urbain, soumises par LVV Villeurbanne
Voici l’intégralité du texte soumis au commissaire enquêteur le 9 juin, rédigé par Jean-Claude, Daniel, Nathalie et Nicolas
En tant que « la Ville à Vélo Villeurbanne» (LVVV) antenne villeurbannaise de l’association « la Ville à Vélo » nous souhaitons faire des remarques et des propositions concernant le vélo (mode actif) à Villeurbanne, pour améliorer ce PDU dans l’intérêt des cyclistes et aussi de l’intérêt général. Nous tenons d’abord à saluer l’énorme travail fourni par l’Autorité Organisatrice des Transports afin d’élaborer ce PDU sur ce périmètre si large et complexe. Nous remercions également Monsieur le Commissaire Enquêteur que nous (3 membres du bureau de LVVV) avons rencontré vendredi 9 juin lors de sa permanence à la mairie de Villeurbanne, pour son écoute et ses notes. Nous renouvelons donc nos souhaits par écrit. Propositions et remarques générales d’abord, sur la sécurité, sur les double-sens cyclables , sur l’intermodalité ensuite, sur les « points durs » (franchissement des seuils et des coupures), enfin sur une proposition d’infrastructure modes actifs (passerelle sur le canal de Jonage et le périphérique)
Généralités
Tout d’abord, même si nous savons que sans avis déposé par la Commune lors de cette enquête, l’avis est réputé favorable, nous nous étonnons et regrettons l’absence de la part de la Commune et Ville de Villeurbanne d’un avis argumenté, contrairement à la plupart des autres communes de l’agglomération.
Nous tenons à signaler l’incohérence entre les objectifs et les axes forts de ce PDU :
1er objectif tout à fait louable: faire baisser la part modale de la voiture mais pourtant s’engager sur des énormes, excessivement coûteuses infrastructures routières : l’A45 et l’Anneau des Sciences (anneau de l’inconscience plutôt qui coûterait à lui seul aux alentours de 3 Milliards d’Euros !) ce qui forcément, entraînerait plus de voitures encore dans et autour de la métropole et indirectement mais bien réellement, réduirait à la portion congrue les investissement pour les transports collectifs et les modes actifs. Nous sommes donc opposés à la création de nouvelles autoroutes et voies rapides urbaines (Anneau des Sciences, A45), qui sont pour nous des projets inutiles et nuisibles, allant à l’encontre des enjeux écologiques et économiques actuels, ainsi que des objectifs de réduction des pollutions atmosphériques et sonores affichées dans le Plan de Protection de l’Atmosphère.
2ème objectif tout à fait louable lui aussi à nos yeux : multiplier par 4 la part modale du vélo. Mais alors il faut s’engager résolument et encore plus fortement dans des aménagements cyclables, amélioration de la sécurité et formation/sensibilisation des automobilistes sur le danger potentiel qu’ils représentent .
Nous prenons acte avec satisfaction de la volonté de diminuer le trafic automobile et plus particulièrement l’autosolisme. En effet, faire rouler une tonne de métal pour déplacer une personne (environ 70 kg) constitue une aberration énergétique, en particulier dans un secteur bien maillé en réseau cyclable et transports en commun. Conscients que le vélo et les transports en commun ne sont pas adaptés à toutes les situations et destinations, nous souhaitons que soient développées et renforcées de véritables solutions en matière de covoiturage (point de ralliement, plateforme de mise en contact…) et d’autopartage (promotion de la mutualisation de véhicules entre particuliers…)
Nous rappelons que le vélo (mais aussi la trottinette, le roller, etc) sont des modes de déplacement à part entière et pas seulement des loisirs.
En effet, ces modes de déplacement fonctionnant à la force humaine (énergie la plus propre et la plus économique) sont des facteurs d’économies (d’énergie et d’argent), de santé (lutte contre la sédentarité, diminution des accidents et de leur gravité), d’autonomie (pouvoir d’agir, diminution de la dépendance au carburant, aux infrastructures, extension du périmètre de déplacement des plus démunis…) et de lien social. Ces modes de déplacement sont également un vecteur de fabrication d’une ville plus compacte et généralisatrice de commerces, de services et d’emplois.
Nous attirons l’attention sur la nécessité de poursuivre les aménagements en intégrant les nouveaux usages dont le transport de marchandises et de personnes. A ce titre, nous demandons la création de voies rapides cyclables, la généralisation des couloirs de bus ouverts aux vélos et des pistes sur les axes très fréquentés, la mise en accessibilité vélo et le stationnement sécurisé au niveau des établissements scolaires, le stationnement sécurisé vélo (stations-clés des TCL, gares SNCF, domaine public métropolitain…) Nous demandons également que tous les parkings payants de la métropole proposent des places sécurisées pour les vélos.
Nous regrettons l’absence de mention de l’extension de l’offre de vélos en libre service à la 1ère couronne, ce qui place les quartiers périphériques de Villeurbanne (St Jean, Les Brosses, Bonnevay, La Soie) en bout de chaîne et ainsi les prive d’un formidable outil de développement de la pratique du vélo au-delà du centre de la métropole.
Nous ne considérons pas comme ambitieux ce PDU qui vise 8% de part modale vélo pour l’agglomération quand beaucoup d’autres agglomérations françaises et européennes font déjà beaucoup mieux !
Sécurité :
Primordiale à nos yeux est cette question de sécurité !
Nous regrettons d’abord que la question des limitations de vitesse en ville -prioritaire pour la sécurité des cyclistes- ne soit pas clairement posée dans ce PDU. Nous appelons de nos vœux un concept « Ville 30 » se déclinant comme suit : voies de quartier à 30 km/h, axes structurants à 50 km/h et voies pénétrantes et périphériques à 70 km/h. Cette conception permettrait une réduction des accidents mais aussi de la circulation automobile en cœur de ville pour le rendre plus agréable à vivre (cadre de vie, qualité de l’air…)
En attendant il faut faire mieux respecter le 50 km/h en ville, par exemple cours Emile Zola, puis ensuite étendre les zones 30, avec une réelle information et sensibilisation des automobilistes.
Nous regrettons également qu’il ne soit pas fait mention de la possibilité de cadencer les feux tricolores sur des vitesses avoisinant 30km/h. Pourtant cela aurait pour effet d’apaiser la circulation tout en limitant les arrêts aux feux pour les vélos. Il n’est d’ailleurs pas plus fait mention de la possibilité de donner par défaut la priorité à l’appel mode doux (piéton ou vélo) dans les cycles de feu. Or cela rendrait le déplacement mode doux plus performant et plus sûr.
La sécurité sur les ronds-points : l’aménagement actuel des ronds points et carrefours est insatisfaisant : notamment celui de la Doua (Colin/Einstein) et celui du Totem (place A. Thomas). Rappelons qu’il y a eu 1 mort sur celui de la Doua en novembre 2016, l’automobiliste « n’avait pas vu » la jeune cycliste étudiante qui roulait sur le bord extérieur du rond-point comme le suggérait la bande cyclable.
Nous vous proposons d’ores et déjà 2 améliorations : des pictogrammes et des chevrons en plein milieu du rond-point et pas sur le bord. Et que les bandes cyclables “entrantes” arrivent réellement jusqu’au rond-point et ne s’arrêtent pas 5 m avant avec un « céder le passage » aux voitures de la rue entrante, puis ensuite, un 2ème « céder le passage » pour le rond-point, ceci a minima pour les 2 ronds-points de la Doua et du Totem. Cela n’empêche pas qu’une action de fond doit être engagée pour améliorer la sécurité sur les ronds-points: diagnostics, tests, expérimentations, etc.
Armature interne :
– Généraliser les nouveaux panneaux pour les cyclistes « tourne à droite» ou « tout droit » aux feux rouges.
– Généraliser les double sens cyclable :
Notamment sur le polygone Bellecombe/ Dedieu/ République/ Lafayette, tout reste à faire !
Sur les rues Anatole France/ Viabert dans le sens ouest-est pour accéder à l’ENM et aux Gratte-Ciel
– Stationnement cyclables manquants sur de nombreux équipements (ENM, scène formation, salle de sports «l’appart »…)
– Collèges, écoles, lycées : développer les accès et arceaux de stationnements
– Equipements sportifs ; dépénaliser l’utilisation de la bicyclette ! Exemple frappant le stade des Iris est interdit aux vélos, il offre pourtant du stationnement gratuit pour les automobilistes !
– Intermodalité :
Lyon gare Part Dieu : la suppression du parking vélo sécurisé couvert SNCF est très préjudiciable aux utilisateurs de Villeurbanne et de l’est de la métropole. Les conditions de stationnement côté Francfort sont déplorables (occupation par les motos). Le manque d’anticipation est surprenant. A quoi bon faire des projets à 2030 si l’on n’est pas en capacité d’aménager quelques arceaux à l’entrée de la gare la plus fréquentée de la Région ?.
L’alternative proposée (parc sous parvis Rhône) est trop lointaine dans le temps et surtout à l’opposé des voies ferrées. L’accès à la zone Béraudier/centre commercial Part-Dieu est peu aisé: problème de jalonnement et de continuité cyclable depuis Villeurbanne.
Malgré sa volonté de promotion de l’usage du vélo, ce PDU ne remet pas en cause les interruptions d’aménagements cyclables au droit des arrêts de bus.
Enfin la possibilité d’embarquer le vélo dans le tram à certaines heures est une demande forte de nos adhérents. Nous regrettons que ne soit pas envisagée la possibilité de transport des vélos dans les transports collectifs car c’est un point crucial pour la multimodalité mais aussi la promotion du vélo (en facilitant le retour en cas de panne ou d’intempéries).
Permettre donc le transport des vélos dans le tram, notamment le T3, quitte à faire évoluer la conception des voitures. Cela existe dans les pays étrangers (Allemagne, …) et cela permettrait aux habitants de la périphérie qui habitent à 1 ou 2 km de la ligne
T3 de rejoindre le tram en vélo, prendre le tram, puis poursuivre à Lyon en vélo (au lieu de prendre leur voiture).
Seuils, coupures : il faut faciliter les franchissements pour les vélos !
–Liaisons avec Lyon :
– permettre un franchissement correct de la voie ferrée rue des Emeraudes (entre les Brotteaux et Charpennes) : sous les voies ferrées, il y a actuellement 1 bus dans un sens et 3 voies étroites voitures dans l’autre sens. En supprimant 1 voie voiture, on pourrait faire une voie bus élargie avec vélo, et 1 bande cyclable et 2 voies voitures dans l’autre sens.
– permettre également un franchissement correct sous les voies ferrées, avenue Verguin entre le cours André Philip et le lycée du Parc : il y a actuellement 1 voie dans un sens et 3 voies dans l’autre. En supprimant 1 voie, on pourrait passer à 1 bande cyclable dans chaque sens, et 1 voie voiture dans un sens, et 2 voies dans l’autre.
– faciliter le franchissement du bd Stalingrad en face du bd du 11 novembre pour accéder au Parc de la Tête d’Or (entrée dite des Voûtes)
Liaisons Villeurbanne intra-muros
– Près de la place Charles Hernu, soit autoriser le passage des vélos sur les voies de tram (ce que beaucoup de vélos font déjà), soit matérialiser une bande cyclable en plein milieu de la rue pour permettre de poursuivre vers la rue Gabriel Péri
-Pont de Croix Luizet : signalétique lisible, sécuriser le lien avec anneau bleu au moyen d’un aménagement cyclable sous le pont D6/A42.
– mettre une bande cyclable sur le cours de la République (2 sens) de manière à assurer une continuité Nord/Sud entre le campus de la Doua, le Totem et la place des Maisons Neuves.
Liaisons avec Vaulx-en-Velin
– Pont de Cusset : nous considérons qu’il y a urgence à résorber ce point noir cyclable, or malgré son caractère prioritaire dans le PDU et dans le plan de mandat, rien n’a encore été fait.
Cela nécessite d’après nous une réalisation lourde, sécure et pérenne. Nous ne nous satisferons pas d’une couche de peinture…
Passerelle modes doux au dessus du canal de Jonage ET du périphérique entre les ponts de Croix-Luizet et Cusset
Cette passerelle longtemps promise dans ce secteur et jamais réalisée est une véritable nécessité pour désenclaver le quartier St Jean dont le projet urbain est ambitieux.
Elle permettrait d’abord à la Via-Rhôna de franchir le canal de Jonage et de se connecter à l’anneau bleu, au parc de la Feyssine, puis aux berges du Rhône… donc à la Via Rhôna d’exister enfin réellement à l’entrée de Lyon !
Elle permettrait ensuite une liaison rapide (moins de 15 minutes à vélo, 45 minutes à pied) entre les Gratte-Ciel et ce quartier St Jean mal desservi par les transports en commun…
Des problèmes de faisabilité technique sont avancés : nous demandons une étude sur ce projet car nous revendiquons la nécessité de la réaliser !
Cette passerelle pourrait déboucher sur la rue Brinon à hauteur de l’actuelle déchetterie,
Une descente du périphérique sur la rue Brinon existe déjà.
Nous sommes extrêmement attachés à cette nouvelle liaison qui prend tout son sens dans le cadre de l’intégration du périphérique proposé par le PDU.
En effet le déclassement du périphérique en boulevard urbain serait grandement facilitateur
et par ailleurs (au niveau des diverses nuisances et pollutions) une vraie bénédiction pour tous les Villeurbannais.
Pour la Ville à Vélo Villeurbanne
Jean-Claude RAY
Administrateur et membre du bureau de « la Ville à Vélo »
Référent de la Ville à Vélo Villeurbanne